un quelqu'un qui passe
(...)
j’ai en mémoire l’odeur perçante des garçons qui
m’ont effleurée la peau. je fais de mes habits des reliques, jusqu’au prochain
lavage forcé. j’épingle au coeur tous les sourires qu’ils m’ont chacun donné, à
moi comme à d’autres filles sûrement. de ceux-là, j’ai toujours retenu le
visage, car le geste est rare..
alors, lorsqu’il a mis sa tête dans mes cheveux, j’ai cru mourir, un
millième de seconde. j’aurai aimé plonger toute ma main dans ses cheveux fins.
il m’a rappelé ce garçon qui me tenait la tête des deux mains pour me montrer
la lune argent, et tous ces garçons qui sentaient si bon et qui ne parlaient
qu’à moi, rien qu’à moi, tous ces autres (romain maintenant, aurélien un temps)
à qui j’ai parfois arraché le bras sans réfléchir car je les aurai voulus près
de moi. tous ces garçons qui ne me voient jamais vraiment, pour qui je suis une
silhouette, un quelqu’un qui passe.